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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 17:25

   Je me suis intéressé à la notion de confiance en économie car c'est un mot qu'on entend souvent aujourd'hui. Que veux-t-on nous dire exactement? Qu'il suffit de reprendre confiance en soit, d'y croire plus que tout,  pour que l'économie se redresse et que tout reparte comme avant, que les chiffres de l'emploi augmente et que l'inflation cesse.

   En ces temps chaotiques, les défenseurs de l'ultralibéralisme, c'est-à-dire les partisans d'une économie mondiale totalement globalisée et concentrée, qui est en réalité une doctrine strictement opposée à l'économie libérale où il y a libre entrée et libre sortie des entreprises sur le marché et l'information y est parfaite ou, en tout cas, il n'y a pas la volonté de biaiser l'information à destination des masses pour modifier leur perception du réel. En effet, nous sommes bombardés en permanence par de la réclame et des signaux souvent « positifs » sur l'état des marchés financiers afin de pousser l'investisseur lambda (celui qui investit le fruit de son travail) à acheter des actions d'une société étrangère dont il ne connait rien en réalité. L'exemple de la sécurisation, terme flou pour qualifier des montages douteux, qui regroupe des prêts à la consommation et des prêts immobiliers dans des lots de titres ensuite revendus en dérivés dans le monde entier. Le montant de ces produits vendus entre 2001 et 2007 s'éleve à 27 000 000 000 000 de dollars (et non ce n'est pas une blague). En comparaison, le PIB mondial est environ de l'ordre de 60 000 milliards de dollars. Mais si on ajoute à ces produits financiers dit sécurisation l'ensemble des produits financiers dit dérivés on depasse largement ce montant de 60 000 milliards. En effet, en 2007 le secteur des produits dérivés à quasiment atteint la somme astronomique de 600 000 milliards de dollards (soit quinze chiffres après la virgule), donc dix fois plus élevé que le PIB mondiale (de quoi tout faire péter en moins de deux).

   A ce propos, Joseph Stiglitz a dit: « La sécurisation repose sur les prémisses selon lesquelles un imbécile naît chaque minute. La mondialisation signifie qu'il existe un paysage mondiale où ils peuvent partir à la recherche de ces imbéciles et ils les ont trouvés partout. » Comme la bien compris ici Stiglitz, la notion de confiance n'est pas appropriée ici; le terme de croyance me paraît plus juste. Et comment a-t-on réussi à générer une armée d'«imbéciles»? En jouant sur ces croyances bien-sùr. Des idées intéressantes nous seraient apportées par l'étude de la  psychologie sociale promulguée par le neveu de Freud, Edward Bernays, avec son célebre "Propaganda" (1928) qui a beaucoup inspiré Hitler et Goebbels. Mais ce qu'il faut comprendre c'est que ce Bernays, considéré à juste titre comme le père de la propagande politique institutionnelle et des relation public, a produit et répandu l'art de la manipulation de l'opinion public et donc des masses. En effet, l'art de la manipulation ou l'art d'amener les gens à vous faire entièrement confiance est la cause de l'existance de par le monde de cette armée d'« imbéciles ».

   Aussi,on entend souvent ce genre de phrase: «On notera cependant qu'une des caratéristiques de la crise financière a été un moment  le manque de confiance de tous les acteurs dans la pérennité des autres »; ou encore: « La récession est due au manque de confiance des acteurs dans la dynamique économique ». Donc, ici, on admet que la cause de la crise est le manque de confiance. Et dans le cas inverse, les économistes nous explique qu'un exces de confiance ( plutôt euphorie), en période de croissance, pousse les agents économiques à prendre des risques élevés car selon eux les agents économiques ont tendance à sur-réagir aux évenements. Pourtant, dans les années 2000, ce sont les banques elle-même qui ont provoqué cette euphorie en prêtant à des ménages non solvables bafouant toutes les règles élèmentaires en matière de risque; une croissance artificielle dont eux seuls ont été les bénéficiaires.

 

   En résumé, les agents économiques ont tendance à sur-réagir aux évènements et donc un excès de « confiance »  en période de croissance entraîne une récession et un déficit de « confiance » en période de récession entraîne la croissance. Logique, non?! Euuuh! Mais qu'est-ce que je raconte là. Non ce concept n'est pas symétrique. Bon, je reprend: en période de croissance il faut avoir confiance mais pas trop et en période de récession il faut également avoir confiance mais beaucoup plus qu'en période de croissance.

   Je pense qu'on est d'accord pour dire que ce raisonnement n'a aucun fondement dans le réel et que la confiance ne peut être, en soi, un déterminant de l'activité économique.

   C'est plus que cynique; les banquiers ont spéculer et ont perdu des sommes astronomiques tout en continuant à se verser des bonus records mais on nous dit (les politiques et les journalistes qui sont en réalité rémunérés par les premiers) que l'excès ensuite le manque de confiance sont à l'origine de la crise. Mais qui peut encore bien croire ça!

 

   Alors, mensonges, manipuations, ou simplement un excès d'optimisme de la part de nos journalistes et dirigeants?

 

   Schirophrénie ultralibérale qui pousse à confondre causes et conséquences dans le but d'oublier, ou de faire oublier, les réelles causes de la dernière crise économique comme l'avidité des banquiers qui prennent énormément de risque (plus on prend de risque plus on fait de gros bénéfices c'est connu) en ne détenant que 2 à 3% en réserves. Ensuite l'argument fallacieux serait encore de dire que c'est la faute à la confiance lorque les banques sont à court de liquidités. En effet, ils affirment que le manque de confiance entre les différentes banques entraîne une crise de liquidités. Il n'y a rien de plus faux: les banques ne se prêtent  pas de liquidités tout simplement parce qu'elles n'en ont pas. Et donc, encore une fois, le manque de confiance est une conséquence et non la cause.

 

   Je terminerais par une citation du perfide John Maynard Keynes: « Il est très préjudicable que les déposants puissent prendre l'initiative de changer le volume de la monnaie de la communauté. »

   Idée totalement mensongère imputant aux déposants la responsabilité des périodes d'inflation et de déflation en se gardant bien d'évoquer la nature même de la monnaie et du systême bancaire.

 

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commentaires

C
Blog(fermaton.over-blog.com)No-8. - THÉORÈME SACRÉ. - néolibéralisme.
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M
Bonjour,<br /> tu veux dire alors que la solution sur le crise financière se repose sur la confiance entre les acteurs?
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Z
<br /> <br />    Non pas vraiment. A vrai dire, mon but était de démonter la notion de confiance telle qu'elle est enseignée en économie, et qui sert de base pour expliquer le passage des périodes de<br /> croissance aux périodes de récession et inversement. Pour un économiste donc , la confiance est une variable économique càd une cause. Et on peut jouer sur cette variable en jouant sur les taux<br /> d'intérêt. Ce qui est totalement faux. mon dernier papier sur un essai de Galbraith traite également de ce sujet (dans la dernière partie).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Après pour la confiance entre les différents acteurs de l'économie pour son bon déroulement, je ne dis pas qu'elle n'existe pas ou qu'elle sans importance. Dans une économie saine, les acteurs se<br /> font naturellement confiance et donc la confiance n'est qu'une conséquence de l'etat de l'économie et des finances.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
En réalité, je n'ai nullement cherché à définir la notion de confiance. J'ai voulu montrer que ce terme tel qu'il est utilisé par les journalistes et les économistes n'est qu'une aberration.<br /> Les banques ont commis les pires méfaits en bafouant toutes les règles élèmentaires en matière de risque. Mais elles ont été renflouée par les Etats (c'est-à-dire par l'argent des citoyens de ces<br /> Etats bien-sûr) et maintenant on nous dit que tout va mal car les gens manque de confiance.<br /> Maintenant si c'est pour produire des travaux microéconomiques sur la notion de confiance qui n'ont en réalité aucun fondements dans le réel, on s'égare complètement. Et cela nous démontre, encore<br /> une fois, que les économistes sont totalement déconnectés du monde réel. Ne faut-il également pas rajouter que rare sont les théories économiques qui se confirment dans le réel?<br /> Et donc, le fait de développer des concepts microéconomiques , comme l'utilité, où l'on pourrait quantifier la confiance est une absurdité car la confiance n'est tout simplement pas mesurable (on a<br /> confiance ou non, il n'y a que deux possibilités).
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A
Attention à la définition donnée à la confiance (et justement sur ce point, Eloi Laurent cherche à bien circonscrire la notion)... Je ne suis pas sûr qu'elle soit LA variable, en revanche elle est<br /> effectivement essentielle aux relations économiques, ne serait-ce que parce qu'elle est nécessaire à la mise en relation des agents dans la production ou dans l'échange. Tant que l'incertitude<br /> persiste, la confiance apparaît comme un fondement incontournable des relations éco. Elle incite les gens à procéder aux échanges, à collaborer... et s'accroît tant que ces échanges et<br /> collaborations sont lucratives, ce qui permet à nouveau d'accentuer le développement éco, etc. Keynes avait une jolie intuition en reliant les errements de l'investissement au moral des<br /> entrepreneurs. Plus largement, pour aller au-delà de la simple notion de confiance, je pense que les variables éco sont impulsées par les éléments hautement psychologique. La crise de la dette est<br /> là pour en juger... Le succès/déclin de la titrisation également... Il suffit d'une simple variation dans les perceptions des marchés pour que les mêmes dynamiques connaissent des évolutions<br /> divergents... ce qui n'empêche pas les variables "réelles" de continuer à déterminer et modeler ces mêmes dynamiques. Il est vain de croire que la réalité éco a quelque chose de purement objectif.
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